Les
dents de la Terre
« L'hygiène
dentaire est une religion, une religion de salut
dont la brosse à dents est le Messie
» écrivait François Cavanna
dans son livre Coup de sang. A défaut d’être
le Messie des écologistes, la brosse à
dents est un ustensile de tous les jours dont
notre consommation impacte l’environnement.
Des brosses, à poils synthétiques,
en soies naturelles, à têtes interchangeables,
électriques, solaires sans dentifrice,
à minuteur musical ou encore à connecter
sur port USB... les fabricants de brosses à
dents rivalisent d’ingéniosité
technique et esthétique autour de cet objet
ultra banal… et nécessaire. D’après
l’Union Française de la Santé
Bucco-Dentaire (UFSBD), les Français utilisent
entre 1 et 2 brosses a dents par an, générant
ainsi environ 1 300 tonnes de déchets annuels
(en se basant sur un poids moyen unitaire de 15g).
Toutefois, les dentistes recommandent de changer
de brosse 4 à 5 fois par an, ce qui accroîtrait
considérablement notre impact environnemental
si nous suivions leurs recommandations.
En
2005, 6,2 millions de brosses à dents se
sont vendues en pharmacie et parapharmacie et
91,5 millions en super et hypermarchés
Plastique & Co
La bonne vieille brosse à
dents traditionnelle est entièrement constituée
de plastique. Le corps est en polypropylène
tandis que les poils sont en polyamide (souvent
du nylon). Le principe de fabrication est l’injection,
à savoir chauffer, jusqu’à
la fusion, des granulés dans un moule qui
leur confèrera la forme du manche de la
brosse.
Depuis 10 ans, la tendance est aux brosses bicolores
et bi-composites via l’ajout sur le manche
d’un élastomère thermoplastique
par bi-injection (ou surmoulage). C’est
ce qui permet de faire, par exemple, une poignée
ergonomique. On obtient alors un outil composé
de deux éléments plastiques différents
soudés, inséparables et… non
recyclables.
Brosses à
dents nouvelle génération
Aux Etats Unis, où
le taux de remplacement atteint 2 brosses
par habitant et par an, les brosses à
dents représentent 20 000 tonnes
de déchets annuels. L’éco-conception
y est un argument de vente important. Ainsi,
la marque Recycline conçoit entièrement
ses brosses à dents (et rasoirs)
à partir de polypropylène
recyclé dont 65 % provient de pots
de yaourts, biologiques qui plus est ! Les
poils de brosses sont quant à eux
constitués de nylon vierge.
Ils agissent aussi au niveau du mode de
fabrication. Le procédé d’injection
décrit précédemment
utilise des machines à injection
soit hydrauliques soit électriques.
La société privilégie
actuellement le processus électrique,
qui consomme 4 fois moins d’énergie
et 3 fois moins d’eau que l’hydraulique.
Après utilisation, le déchet
est repris : une enveloppe - papier recyclé
et port prépayé - permet aux
clients de réexpédier leurs
brosses à dents usagées pour
les recycler à nouveau, notamment
en éléments de mobilier. On
espère que Recycline proposera des
têtes interchangeables. Ce système
peut générer des flux énergétiques
(transports et processus) s'il se déroule
sur un large territoire, mais reste une
piste intéressante sur une zone géographique
moins étendue.
La marque Radius vante,
elle, un matériau plastique obtenu
à base de cellulose provenant du
bois de forets FSC. Radius ne recycle pas
ses produits, invoquant justement une consommation
pétrolière trop importante
causée par les transports sur l’ensemble
du cycle de vie du produit.
D’autres marques (comme Aronal ou
Monte Bianco en Allemagne) préfèrent
axer leur stratégie sur les têtes
interchangeables. Elles proposent des têtes
vendues séparément, minimisant
ainsi la quantité de plastique jetée,
à condition de rester fidèle
à l’enseigne. Ce choix permet
théoriquement de réduire la
consommation pétrolière (comme
matière première et via les
transports) au strict minimum.
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De plus, les brosses à dents ne sont pas
triées par le service de ramassage, elles
vont donc toutes, en tant que déchets ménagers,
directement à l’incinérateur
qui ne permet d’obtenir qu’une faible
valorisation énergétique. Pourtant,
si on pouvait isoler les brosses mono-composites
pour les retransformer en granulés et réutiliser
ce plastique, on économiserait 80 % du
potentiel énergétique du processus.
A l’heure où les brosses à
dents se sophistiquent avec de plus en plus de
plastiques de couleurs et compositions différentes,
les brosses mono-composites sont donc doublement
économiques : un lot de 4 d’entre
elles coûte autant à l’achat
qu’une seule brosse à dents dernier
cri.
SUITE
© EKWO
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DOSSIER
EKWO ATTITUDE
Texte : Eric Boisteaux
& Laurent Cousty
Parole
de dentiste : « La seule vraie façon
d’avoir des dents saines est de se les brosser
suffisamment longtemps (3 minutes) et régulièrement,
la forme du manche ou l’implantation des
poils ne sont que des arguments commerciaux »
Auto-brosses à dents
Le marché a connu récemment
une grande évolution avec la création
de la brosse à dents électrique.
Pour un coût d’achat en moyenne de
deux à dix fois supérieur à
une brosse à dents classique, on peut désormais
se brosser les dents confortablement et efficacement.
Ces brosses, de plus en plus courantes, existent
en deux versions : les brosses à piles
(de 6 à 10 €) et les brosses rechargeables
sur secteur (à partir de 20 €). Elles
rentrent dans le cadre de la directive européenne
de 2002 sur les DEEE (Déchets d’Equipements
Electriques et Electroniques) et sont donc strictement
encadrées au sujet de leur récupération.
De plus, elles sont équipées de
têtes interchangeables (de 4 à 8
€ les deux), ainsi, lorsque les poils sont
usés, on ne change plus de brosse mais
seulement de tête de brosse, ce qui limite
notre production de déchets. En revanche,
les brosses électriques à piles
sont à proscrire pour éviter d’avoir
à retraiter ces piles, sauf si elles sont
rechargeables.
Brossez écolo
!
o Si vous êtes
plutôt manuel, évitez le superflu
et préférez les brosses à
dents mono composites
o Si vous êtes plutôt
électrique, utilisez des piles rechargeables
ou des brosses rechargeables sur secteur
o Préférez
les dentifrices bio ou ayurvédiques
à la composition simple et à
l’emballage réduit, et n'oubliez
pas que c'est le brossage qui nettoie :
pas le dentifrice
o Ne laissez pas le robinet
ouvert le temps du brossage
o Gardez votre vieille brosse
usagée pour l’entretien de
vos objets ou de votre foyer
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La brosse
à plusieurs têtes
L’invention des brosses
a dents à têtes interchangeables
est passée plus inaperçue, bien
qu’étant sûrement plus pertinente.
En effet, on jette notre brosse à dents
usagée pour quelques poils écrasés
alors que le manche est en parfait état.
Certains fabricants ont alors lancé le
concept de têtes interchangeables. Toutefois,
là où le bât blesse, c’est
que les têtes ne sont pas vendues individuellement.
Et qu'il est difficile de trouver un tel article.
Une seule tête de rechange est prévue
avec chaque brosse achetée, on doit donc
renouveler le manche une fois sur deux. On peut
toutefois trouver quelques marques qui vendent
les têtes de brosses à part, telles
qu’Aronal ou Monte Bianco, disponibles quasi-exclusivement
en magasins bio. Ou peut-être trouverez-vous
dans le vôtre une vraie révolution
japonaise en matière de brosses à
dents : la Soladey, solaire et sans dentifrice
(voir rubrique éthik'quête).
2ème
vie D’une
manière générale, grâce
à votre vieille brosse à dents,
vous pouvez nettoyer très efficacement
tout objet susceptible de subir des incrustations
ou difficile d’accès.
Vous pouvez, par exemple, nettoyer les incrustations
au sein des joints de votre baignoire ou autour
des robinets. Eliminer les restes de savon
et de barbe entre les lames de votre rasoir
devient, de la même façon, un
jeu d’enfant. Vous pouvez aussi effacer
l’oxydation noire de vos bijoux en argent
en les frottant à l’aide de votre
vieille brosse et d’un peu de dentifrice.
Ou encore vous pouvez vous débarrasser
des peluches qui encombrent vos fermetures
Velcro. |
Bref, électrique ou jetable
: à vous de choisir l’option que
vous préférez ou la plus simple.
Car le problème des déchets paraît
inévitable, hormis les rares alternatives.
D’une part, parce qu’il n’existe
pas de filière de tri spécifique
des brosses à dents, et d’autre part,
parce que, même si elles étaient
triées, la majorité d'entre elles
ne sont pas conçues actuellement pour être
recyclées. Pour sortir de ce cercle vicieux,
au consommateur d'encourager les versions éco-sympa.
Et pour les entreprises, si une réglementation
spécifique était envisagée
? Pas seulement pour la brosse à dents,
mais pour le jetable en général
? Ceci pourrait inciter à une collecte
doublée d'une démarche d’éco-conception
globale qui envisagerait la fin de vie et la réutilisation
systématique des produits à usage
unique ou temporaire. A quand ?
Environ
109 millions de brosses à dents sont vendues
chaque année en France. (source : NIELSE,
2005)
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